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3 décembre 2017 7 03 /12 /décembre /2017 23:02

Le réseau Tibérius Claudius, créé en 1994, s’est donné pour objectif d’ « Agir en justice pour défendre le droit des étrangers ». Pour ces actions en justice, rendues de plus en plus complexes par les évolutions politique, législative et réglementaire, il mandate et rétribue des avocats spécialisés dans le droit des étrangers. Tibérius peut intervenir en urgence, mais il vise d’abord à obtenir des décisions pouvant faire jurisprudence. Ainsi, le réseau s’engage pour soutenir les avocats pour tous les développements de procédure liés à chaque affaire, quelle qu’en soit la durée. Si nécessaire, il assure le financement de travaux de recherche de groupes d’avocats.
Tibérius est un des rares outils financiers de la société civile pour la défense du droit des étrangers. L’affaire la plus longue soutenue en temps et en procédures aura duré 9 ans ! C’est pourquoi l’assurance de versements mensuels -même modiques- par les membres du réseau Tibérius est le garant de la solidité de l’engagement pris auprès des avocats et des étrangers qu’ils défendent. Ce réseau a rassemblé depuis le début plus de 350 citoyens, non-spécialistes du droit mais solidaires de l’objectif de Tibérius et a financé plus de 200 affaires.
Ainsi, Tibérius Claudius s’attache depuis sa création à réparer quelques atteintes aux droits de l’homme, au droit d’asile, en présentant des requêtes devant les tribunaux - Tribunal Administratif, Tribunal correctionnel, Tribunal de grande instance, Commission de Recours des Réfugiés, Conseil d’État et maintenant Cour européenne.
Les plaignants, pour lesquels Tibérius Claudius a assuré les honoraires des avocats et s’est impliqué en tant que partie intervenante, ont attaqué des Préfets, des Conseils Généraux, des Maires, des administrations et des particuliers pour défendre le droit à l’asile de toute personne persécutée au regard de la Convention de Genève, le droit au séjour, le droit à l’aide juridictionnelle, le droit des femmes étrangères, le droit des jeunes mineurs isolés, les droits sociaux des migrants retraités…
Tibérius intervient après le travail d’accueil et de mise en forme des situations des étrangers menacés ou atteints dans leurs droits qu’effectuent des associations telles l’ALPIL, les CHRS, la Cimade, Forum Réfugiés, la LICRA, le MRAP, Résovigi …, avec les spécialistes desquelles nous dialoguons et qui peuvent nous solliciter.
L’action de Tibérius Claudius est aujourd’hui plus que jamais justifiée, à l’heure où l’aide juridictionnelle et les possibilités de recours en justice sont réduites et que les avocats spécialistes du droit des étrangers travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles (Cf. les articles pages 3 et 4 de la Lettre n°31 de janvier 2017).

 

1 décembre 2017 5 01 /12 /décembre /2017 22:56

QUI PEUT ADHERER AU RESEAU

L’association Tibérius Claudius est un réseau de cotisants dont on devient adhérent à titre personnel.
Le réseau n’accepte aucune subvention publique.
Les avocats ne peuvent être cotisants.
Les personnes morales (associations, partis politiques, syndicats, fondations) ne peuvent être cotisantes mais peuvent aider une affaire particulière.
Conformément à la loi, 66 % des sommes versées sont déductibles de l'impôt sur le revenu.

LA CONTRIBUTION PEUT ÊTRE PONCTUELLE

Vous pouvez faire le choix de verser une ou plusieurs contributions au(x) moment(s) de votre choix  à l’ordre de l’association Tibérius Claudius.
Dans ce cas, vous pouvez :
Envoyer votre don à l’ordre de : TIBERIUS CLAUDIUS 4 place Chazette - 69001 Lyon
Faire effectuer un virement au bénéfice du compte :
TIBERIUS CLAUDIUS CCP N° 10.057 63 U LYON – 20041 01007 1005763U038 59

LE VIREMENT PEUT ÊTRE MENSUEL OU TRIMESTRIEL

La majorité des membres du réseau ont choisi la formule du virement mensuel.
 
Le montant de la somme peut être modeste (la moyenne est de 10€ par mois), c’est le nombre de contributions qui compte. Le réseau compte actuellement 140 cotisants.
 
Un virement n’est pas un prélèvement, c’est vous qui devez donner l’ordre à votre banque d’effectuer l’opération.
 
A tout moment, vous restez maître d'arrêter vos virements ou d'en modifier le montant, en avertissant votre banque.

12 mars 2017 7 12 /03 /mars /2017 21:22

 

 

 

Tiberius Claudius - dans affaire lettre Droit
3 février 2017 5 03 /02 /février /2017 22:20

M. S, un jeune homosexuel tunisien a rencontré son compagnon il y a 8 ans, un français originaire de Tunisie, propriétaire de son appartement à Vénissieux où M. S le rejoint et où ils vivent ensemble depuis février 2014. Ce sont des gens isolés, discrets, sans réseau avec des associations. La seule personne en contact régulier avec eux est la mère du jeune français qui a décidé de les aider.

Le couple a voulu se marier, ce que le maire de Vénissieux a refusé, au prétexte que la Tunisie refuse les mariages homosexuels. Ce refus est illégal et la Cour de cassation, depuis 2004, a déjà jugé que ce type de mariage doit pouvoir être prononcé en France même si le pays d’origine l’interdit.

En mai 2016, suite à un contrôle d’identité, M. S est arrêté, placé au centre de rétention et fait l’objet d’une OQTF. Dans le cadre d’une permanence, Me Fréry rencontre le jeune homme et interpelle le juge, lequel confirme que l’OQTF est légale parce M. S est en situation irrégulière.

M. S est alors placé au centre de rétention pendant 42 jours puis relâché sans conditions. Il engage avec Me Fréry une demande l’asile, puisque dans son pays l’homosexualité est un délit et que, récemment, de jeunes étudiants ont été condamnés à 3 ans fermes et au bannissement du lieu où ils habitent pendant 5 ans. L’entretien d’asile a été réalisé en visioconférence dans un algeco. L’officier de protection, une jeune femme qui ne le regardera jamais, a dit à M. S qu’ils pourraient très bien vivre tous deux en Tunisie, en se cachant !

Le 14 juin, l’OFPRA lui refuse le statut de réfugié, mettant en doute son homosexualité. Me Fréry fait appel le 2 août et M. S est convoqué le 3 novembre à 14h à la CNDA, en formation collégiale. L’homosexualité en Tunisie constituant un groupe social réprimé, M. S pouvait obtenir le statut de réfugié.

M. S est arrêté lors d’un contrôle le 31 octobre et transféré à la Police de l’air et des frontières. On lui demande d’apporter son passeport, son compagnon le fait à 18h, et il est libéré avec une convocation pour le 1er novembre à 10h. Pensant qu’on va lui rendre son passeport pour aller à la CNDA, il se présente à 10h et il est placé de nouveau au centre de rétention, donc empêché d’aller le lendemain à la CNDA.

La police des frontières appelle la CNDA pour dire qu’il est retenu et demander le renvoi de l’audience. Parallèlement, la préfecture, dans sa requête auprès du juge des libertés, dit qu’il se rendra à la convocation de la CNDA le 3 novembre, ce qui est impossible, puisqu’il est convoqué devant le juge des libertés... ce même jour.

Audience le 3 novembre devant le juge des libertés en présence plusieurs témoins, dont la Cimade, et « les amoureux des bancs publiques ». Me Fréry plaide en droit administratif. Le juge annule le placement en rétention, ce qui exigerait une remise en liberté immédiate. Malgré cela, M. S est emmené par la police au centre de rétention ! Les policiers interrogés par répondent qu’ils attendent de voir si le procureur fait appel.

L’appel du procureur est possible lorsqu’il y a assignation à résidence, mais pas s’il y a illégalité du placement en rétention. Cette mesure étant illégale, M. S devait être remis en liberté. À 19h, notification du procureur au cabinet de Maître Fréry, et au CRA par fax : le jeune homme doit se présenter le lendemain à 10h en audience à la Cour d’appel.

NB : le 3 novembre 2016 est aussi le 1er jour de l’application de la loi du 7 mars 2016 qui prévoit, concernant la légalité d’une décision de placement en rétention, le transfert des compétences des juges administratifs, aux juges judiciaires lesquels devront donc de faire du droit administratif, ce pour quoi ils n’ont pas été formés.

Résultat, le 4 novembre à 15h : la cour d’appel ne reconnaît pas l’illégalité de la rétention, reprochant à M. S d’avoir utilisé un alias, c'est-à-dire la 2ème moitié de son prénom ! A 15h30, il est présenté à un avion à destination de Tunis, il refuse de monter, on ne l’oblige pas. Il est renvoyé au centre de rétention pour 28 jours (c’est la nouvelle loi).

Le jeudi10 novembre, à 5h du matin, les policiers viennent le chercher, ils le descendent en voiture à Marseille. On lui dira qu’à Lyon il y a trop de monde qui le soutient. M. S est présenté au bateau à 10h30. Il refuse d’embarquer et le capitaine refuse de le forcer à monter. Retour à Lyon.

Ce même jour, le préfet prend un 1er arrêté d’assignation à résidence, avec obligation de pointer deux fois par semaine.

Le 11 novembre au matin, M. S se présente à la police des frontières. On le rappelle à 16h, lui disant de se re-présenter à 16H30. Le préfet a pris un 2ème arrêté d’assignation et, pour éviter tout risque de fuite, il devra pointer tous les jours de 8h à 10h et de 16h à 18h, avec interdiction de sortir du département du Rhône.

Me Fréry faxe un recours au Tribunal Administratif qui, dans les 72h renvoie son jugement au 31 mars 2017, dans l’attente de la décision de la CNDA

Le préfet devant attendre la décision de la Cour d’asile, il ne reste plus de risque possible d’éloignement, et l’assignation à résidence devrait également tomber, conformément au droit européen. Il ne devrait plus rien se passer avant 60 jours... Mais qui sait ?

8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 15:47

Ce mercredi 9 novembre 2016 à partir de 13h30, l'affaire passera au Palais de Justice  du Vieux-Lyon, Lyon 5ème :
Monter les escaliers de façade sur le quai de Saône. Suivre "salle des pas perdus". L'audience correctionnelle est au 1er étage.

Objet : Accident mortel du travail et emploi dissimulé de travailleurs sans papiers
 
Rappel: Le 23 juin 2016, nous avons été plusieurs de Tibérius à soutenir Marie-Noëlle Fréry et sa collègue au Palais de justice, contre la société Elesys accusée  1/ de défauts de sécurité graves ayant entraîné un accident mortel du travail sur un chantier et 2/ de travail dissimulé avec des travailleurs sans papiers. Remarque : plusieurs travailleurs clandestins étaient présents comme parties civiles.
 
Tout a été gagné : le patron a été condamné à trois ans de prison ferme dont un avec sursis, à des dommages et intérêts pour la veuve et ses enfants, ainsi que 3000€ de dommages et intérêts.
 
Ce mercredi 9 novembre à partir de 13h30, l’affaire revient devant la cour d’appel. Le procès risque d’être différent car l’employeur a changé d’avocat et a pris jean Félix Luciani.
 
La chambre correctionnelle est au premier étage des "24 colonnes", sur les quais de Saône.

4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 08:35

Chers cotisants du réseau Tibérius Claudius,

Lors de notre Assemblée générale de mars dernier, plusieurs ont dit souhaiter assister aux audiences des affaires soutenues par Tibérius. Si vous êtes inscrit à la Newsletter vous recevrez l'info par un mail, automatiquement, depuis le site.

La prochaine audience concerne Monsieur K. défendu par Me Céline Proust (Cf. Affaire n°173 dans la Lettre de Tibérius). Cette audience aura lieu le 10 mai prochain à 10h30 à Paris à la Cour nationale du droit d'asile. (Montreuil, métro Robespierre)

2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 21:53

Tibérius Claudius
4 place Chazette 69001 Lyon  tiberius.claudius.over-blog.com
Agir en justice pour défendre le droit des étrangers
LETTRE N°30    Mars 2013

Affaire n° 182 – Que d’énergies déployées afin d’obtenir un hébergement d’urgence pour une famille avec enfant malade !

Mme et M. L, albanais, entrent en France en 2013 avec leur fils Santiago âgé de 1 an et demi, et demandent l’asile au regard des menaces qui pèsent sur eux dans leur pays.

Ils sont hébergés au CADA d’Albigny sur Saône. Santiago, épileptique, est pris en charge médicalement. Un second enfant naît en août 2014.

29 avril 2015 : la CNDA rejette la demande d'asile. Forum Réfugiés saisit la Maison de la veille sociale pour un hébergement d’urgence qui est refusé.

Me Claire Zoccali prend le dossier en charge et demande un titre de séjour à la Préfecture du Rhône en application du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. A 3 reprises, elle saisit la Maison de la veille sociale et la Direction Départementale de la Cohésion Sociale pour un hébergement d'urgence, sans réponse.

25 mai : la famille doit quitter le CADA qui leur accorde 5 nuits à l’hôtel. Ensuite la famille vit dans la rue, dans une voiture, une cage d’escalier ou un squat.

3 juin : Me Zoccali dépose un « référé liberté » devant le Tribunal Administratif de Lyon au titre des « droits fondamentaux » permettant à un débouté du droit d'asile de recourir à l’hébergement d’urgence. Rejet de la demande, sans audience.

L'aide juridictionnelle pour contester ce refus devant le Conseil d'État étant refusée, Tibérius décide d’assurer cette prise en charge.

5 juin : Me Zoccali saisit le Défenseur des droits qui présente au Conseil d’Etat 10 pages observations en faveur de la famille ; d’autre part, elle interpelle le 1er

ministre, les ministres du Logement et de la Santé sur la non application de la loi entraînant la mise en danger d’autrui.

Le Ministère intervient et la veille de l’audience, le Préfet du Rhône attribue un hébergement d’urgence à la famille. Le Conseil d'État a prononcé un non lieu à statuer.

Affaire n° 181 Me C. Robin. Un parent d’enfant français est inexpulsable. Un parent d’enfant européen serait-il expulsable ?

Mme I a quitté la République Démocratique du Congo dont elle est originaire, a séjourné deux ans au Maroc où elle a rencontré M.B, congolais naturalisé néerlandais. Ils ont une fille en 2010.

Mme I arrive en France en 2011, pour rejoindre sa mère. Elle vit à Lyon dans un foyer avec ses deux filles, la 2ème née en 2015 de M.B. Mme I suit une formation professionnelle depuis septembre 2015. Ses filles sont l’une à l'école maternelle et l’autre à la crèche.

M.B vit en Belgique et n'a eu que des contacts ponctuels avec ses enfants. Il a cependant convenu avec leur mère d'établir des passeports néerlandais pour leurs filles et d’accueillir l'ainée quelques jours pendant l'été. Or, M.B. refuse de restituer l'enfant à sa mère, comme prévu.

Me Robin fait appel au Tribunal de grande instance pour demander la restitution de sa fille à Mme I, ainsi que l'autorité parentale exclusive des deux enfants du fait que leur résidence habituelle (habitation, scolarisation, attaches affectives) est à Lyon et que Madame exerce déjà pleinement l'autorité parentale.

Mme I et M.B doivent comparaître le 29 mars devant le Juge aux affaires familiales.

Pour Tibérius, l’objet est d’obtenir le même droit au séjour pour le parent d’enfant d’un pays de la communauté européenne que pour un enfant français.

Me Robin a déposé un recours en annulation devant le TA de Lyon, contre l'OQTF prise à l'encontre de Mme I.

Affaire n° 185 La « procédure prioritaire » d’examen de demande d’asile = une procédure expéditive ?

Mme L. albanaise, membre du centre national albanais d’aide aux victimes de violences conjugales, est menacée par un des hommes contre lequel elle avait témoigné. L’Ofpra, tout en admettant les carences des autorités albanaises pour protéger les témoins, en « procédure prioritaire » a estimé que les faits sont trop anciens (2013 !), et donc que l’agression de Mme L. par des hommes de mains en 2015 serait improbable !!

Mes M Jayle et MN Fréry avec l’aide de Tiberius ont déposé un recours devant la CNDA.

Affaire n° 183 Demande de délivrance d’un titre de séjour pour étranger malade à la Préfecture du Rhône.

M. B. algérien entré en France en 1998, il se retrouve depuis 2004 tantôt à la rue, tantôt hospitalisé à St Jean de Dieu. Le Centre d’Accueil et d’Orientation, organisme sous tutelle de la DDCS, géré par l’association le MAS, qui le suit depuis 11 ans, a sollicité Me MN Fréry pour effectuer cette demande. Cela mérite d’autant plus le travail d’un avocat que M.B, prisonnier de ses tourments a été amené à utiliser l’identité d’un tiers, fait qui pourrait être considéré comme un délit pouvant troubler l’ordre public.

Affaire n° 184 Me C. Robin - La nationalité octroyée par décision judiciaire mais ignorée par l’administration.

Monsieur L, congolais né en 92, devait obtenir la nationalité française en application du Code civil après qu’il a été confié en qualité de mineur isolé à l’Aide Sociale à l’Enfance. Or, lorsqu’il demande son titre de nationalité, celui-ci lui est refusé au motif que son état-civil serait faux.

Le TGI de Lyon, puis la cour d’Appel de Lyon ayant validé son état-civil, il aurait dû se voir délivrer un acte de naissance par les services consulaires ou le service central d’état-civil de Nantes.

Cet acte ne lui ayant pas été délivré, donc pas de carte d’identité française, et pas d’accès à Pôle-Emploi ni à certaines formations ; Me Robin dépose alors devant le TGI de Nantes une assignation à délivrer l’acte de naissance, ce qui a déclenché la délivrance de l’acte, en cours de procédure… et avant l’audience.

Affaire n° 188 – Refus d’hébergement d’urgence pour une « étrangère malade » et ses enfants

Madame, ressortissante angolaise âgée de 30 ans, infirmière, a fui son pays avec 4 de ses enfants pour demander l’asile en France en novembre 2012.

Suite à l’accusation pour diffamation d’un dignitaire angolais, elle est menacée de mort, puis arrêtée en septembre 2012, enfermée en maison d’arrêt dans des conditions très difficiles alors qu’elle est enceinte de 8 mois. Après un mois de détention, elle accouche, s’enfuit de la maternité grâce à une infirmière, et quitte son pays avec l’aide de sa communauté religieuse. Elle est sans nouvelles de son époux et de ses parents.

Madame réside depuis novembre 2012 au CADA de Bron de Forum Réfugiés où en mars 2013, son bébé et la fille de son époux née d’un premier mariage, les ont rejoints. Les enfants sont scolarisés et le bébé à la crèche.

En 2013, Madame demande à la préfecture de Lyon une carte de séjour au titre d’étranger malade, au vu d’un problème de santé reconnu par l’Agence Régionale de Santé, et obtient un récépissé avec autorisation de travail valable jusqu’au 24 mai 2015.

Donc, Madame était en séjour régulier, suite au rejet de sa demande d’asile par la CNDA en février 2015, lorsque a été mis un terme à son hébergement au CADA le 26 mars 2015, puis dans un hôtel de Décines jusqu’au 31 mars. Mobilisée par des parents d’élèves et des enseignants, la Protection de l’enfance de la Maison du Rhône de Bron règlera 7 nuitées supplémentaires. Une entraide solidaire de parents et enseignants leur permettra d’y rester encore quelques jours.

Le 31 mars 2015, le cabinet Fréry demande par télécopies à la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et à la Maison de la Veille Sociale d’accorder un hébergement d’urgence à la famille de Madame, ce qui lui est refusé le 2 avril 2015. La demande est réitérée plusieurs fois.

Devant l’impossibilité d’obtenir un hébergement d’urgence, Me Fréry et Me Jayle déposent le 27 avril 2015 un « référé-liberté fondamentale » devant le Tribunal administratif de Lyon, ce qui l’obligeait à statuer dans un délai de 48 heures. A la veille de l’audience, la direction départementale de la cohésion sociale confirme par fax l’attribution à Madame et ses enfants d’un hébergement au Village mobile de Vaulx en Velin à compter du 30 avril 2015, où ils sont toujours.

A ce jour, Madame est toujours sans nouvelles de son époux et de ses parents.

Affaire n° 186 Quand une association à caractère social demande l’expulsion d’étrangers d’un hébergement d’urgence

Arrivés en France en novembre 2012, les époux Q. et leurs enfants nés en 1988, 1992 et 2000, sont logés dans différents établissements du dispositif d’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile, géré par l’association ALFA 3A et enfin à Hauteville.

Leur demande d’asile rejetée par la CNDA, en avril 2015, ALFA 3A saisit le TA de Lyon afin qu’il ordonne l’expulsion de la famille, sans délai. Le Cabinet Fréry plaide et défend la famille en mai 2015 devant le TA qui rejette la demande d’expulsion de la famille Q au motif qu’il n’était pas compétent.

ALFA 3A fait alors délivrer par voie d’huissier plusieurs assignations en justice à chaque membre majeur de la famille, pour une audience fixée en octobre 2015 devant le Tribunal d’Instance de Bellay.

Me Fréry dépose de nouvelles conclusions pour solliciter des délais, d’une part afin que le plus jeune enfant de la famille puisse terminer son année scolaire au collège jusqu’à fin juin 2016 ; et par ailleurs, conformément aux dispositions du Code de l’Action Sociale et des Familles, qu’un autre hébergement soit proposé aux époux dont la situation médicale s’est largement dégradée.

L’affaire a été plaidée devant le Tribunal d’Instance de Bellay du 18 janvier 2016.

La Présidente du Tribunal ayant mis cette affaire en délibéré à la mi-février 2016, il nous reste donc à attendre et espérer.

Affaire n°187 Une autre demande d’expulsion !Arménienne née en oct.61 à Erevan, Madame H a été prise en charge ainsi que son fils par le dispositif d’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile de l’association Alfa 3A. L’asile ayant été refusé à Madame, Alfa 3A saisit le Tribunal Administratif de Lyon le 17 avril 2015, pour demander son expulsion immédiate.

Le cabinet Fréry pour défendre Madame et son fils, a d’une part saisi la Direction départementale de la Cohésion Sociale de l’Ain pour qu’un hébergement soit fixé et adapté à la requérante et son fils au vu de leur état de santé très dégradé et d’autre part, Me Fréry a établi des conclusions au fond dans l’intérêt de la requérante devant le TA de Lyon lequel a rejeté la requête d’Alfa 3A le 13 mai 2015, comme étant formée devant une juridiction incompétente.

Dans ces affaires n°186 et n°187 de demande d’expulsion par une association, l’une des difficultés, était que celle-ci a diligenté de nombreux référés devant les TA de Lyon, Grenoble et Bourg-en Bresse, certains ayant été validés, car les avis des juges ne sont pas homogènes.

A l’époque, il fallait faire repréciser l’incompétence du TA sur la question d’expulsion des demandeurs d’asile.

Maintenant, la nouvelle loi sur l’asile donne compétence aux préfets pour demander l’expulsion hors d’un Cada. Il faudra poursuivre ce travail devant les Juges Administratifs, pour tenter d’obtenir de ceux-ci le respect des délais prévus par ailleurs en cas de demande d’expulsion d’occupants sans droit ni titre.

Affaire n°173 Refus d’asile politique. Refus d’admission exceptionnelle. Refus de titre de séjour « vie privée et familiale ». Refus de réouverture !

M.K, tchétchène, est né en 1979 en Russie. Après des études supérieures de droit, il obtient un diplôme de juriste. Embauché par une association d’aide juridique de Grozny, en Russie, il effectue des recherches sur une jeune fille disparue, sa famille craignant un enlèvement par un réseau de prostitution. Mr K est menacé puis emprisonné.

Après plusieurs mois de détention et de tortures, il s’échappe, fuit la Russie. Arrivé en France en août 2011, il dépose une demande d’asile politique, refusée bien que l’Ofpra et la Cnda n’aient pas contesté son appartenance à une association de défense des droits en Russie. Le refus de l’aide juridictionnelle rend le recours au Conseil d’Etat impossible. Son épouse et ses enfants entrent en France en novembre 2012. Son épouse dépose une demande d’asile et un récépissé lui est délivré.

Mars 2013, le père de Madame décède d’une crise cardiaque lors de l’intervention de la police à son domicile, en représailles des documents envoyés par Monsieur à sa fille et qui ont été interceptés par le FSB. Un cousin de Madame disparaît en novembre 2013 ainsi que son frère en janvier 2014.

Compte tenu de ces faits Me Céline Proust dépose trois demandes en juillet 2014, devant le préfet du Rhône : l’admission exceptionnelle au séjour pour Monsieur, la délivrance d’un titre de séjour « vie privée et familiale » et la réouverture de son dossier d’asile. Demandes refusées, sans toutefois être assorties d’une OQTF.

Le préfet ayant également refusé l’admission au séjour dans le cadre de la réouverture du dossier d’asile, Le dossier a tout de même été enregistré et présenté à l’Ofpra qui a rejeté la demande.Le recours engagé devant la Cour nationale du droit d’asile est en attente d’audiencement.

Affaire n°174 : Mme S.B et son fils défendus par Me Céline Proust. Des décisions différentes pour la mère et pour son fils !

Dans la Lettre de Tiberius de janvier 2015, pour cette femme en danger de mort dans son pays selon la loi du Kanoun, nous en étions restés à la décision du TA de Lyon confirmant l’OQTF pour Mme S.B et l’assignant à résidence à Montluel loin de ses enfants.

Le 5 mars 2015, la cour d’appel lui refuse le titre de séjour en qualité d’étranger malade et confirme l’OQTF. Toutefois, la même cour d’appel annule l’arrêté du préfet de l’Ain assignant Mme S.B à résidence dans l’intérêt supérieur d’Armand, le plus jeune de ses garçons, scolarisé au collège à Bourg et vivant avec sa mère.

Après la mère, le fils

Arian, le fils ainé et devenu majeur avait demandé l’asile en avril 2014, asile refusé par l’OFPRA puis par la CNDA. De plus, le Préfet de l’Ain rejette sa demande de titre de séjour au prétexte qu’il n’a pas d’insertion professionnelle en France (alors qu’il était en 2ème année bac pro à Ambérieu) et que le Kosovo est un pays sûr depuis 2013 ! Pour parfaire le travail, le Préfet lui délivre une OQTF, confirmée le 30 mars 2015 par TA de Lyon. Me Céline Proust dépose une demande de réexamen du dossier de Mme S.B et d’Arian devant la CNDA.

Enfin une bonne surprise

Le 23 décembre, la mère et le fils comparaissent devant la CNDA. Les éléments allégués par Mme S.B étant les mêmes, sa demande d’asile est de nouveau refusée. Mais pour Arian, la protection subsidiaire lui est accordée, ce qui devrait lui permettre d’obtenir un titre de séjour d’une année.

Un vrai soutien local

Parallèlement aux actions en justice, des acteurs de la société civile de Bourg en Bresse ont apporté un soutien constant à Mme et ses enfants. En plus du soutien apporté aux enfants par des enseignants du collège et du lycée, ce fut une suite d’hébergements dans des tentes installées au camping municipal ou des maisons vétustes inoccupées même si les rapports avec la mairie furent difficiles sur cette question de logement d’étrangers sans-papiers et des évacuations exécutées. Quelques militants ont eu d’ailleurs des ennuis avec la justice pour ces actions de relogement.

Reste maintenant à obtenir que Mme puisse rester en France et s’occuper de ses enfants.

Les fonds de Tibérius Claudius

reposent uniquement sur

des chèques ou des virements individuels.

Si vous optez pour un virement automatique,

Tiberius Claudius - dans affaire lettre
2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 21:50

La réforme de la loi sur l’asile. La réforme de la loi sur l’immigration

Le point de vue de Me M. Noëlle Fréry

La réforme de la loi sur l’asile

L’idée centrale de la réforme de l’asile a été de réduire les délais pour traiter plus vite les demandes d’asile et réduire ainsi les coûts de procédure et les coûts d’hébergement. Le problème, c’est que les délais ont été trop réduits et qu’on se retrouve maintenant avec une loi qui augmente le nombre de déboutés.

En effet, l’ofpra peut instruire les dossiers d’asile en procédure normale ou en procédure prioritaire, maintenant appelée « procédure accélérée ». Si l’ofpra choisit la procédure accélérée, notamment pour les demandeurs venant de « pays dits sûrs », le traitement des dossiers s’effectue en quelques semaines à l’OFPRA. Mais surtout, la Cour d’asile a l’obligation de juger en 5 semaines les dossiers traités en procédure accélérée, jugement compris. La présidente de la Cour d’asile ayant laissé aux magistrats 15 jours pour rédiger le jugement, cela signifie que les magistrats vont audiencier et juger en 3 semaines. Or en France, on reçoit en moyenne 50 à 60000 demandeurs d’asile par an, dont 40% environ des dossiers sont traités en procédure accélérée.

Cela entraînera une augmentation des cadences à la Cour d’asile, ce qui signifie pour les juges peu de temps pour s’approprier les dossiers donc un stress de plus en plus important. Précisons aussi qu’à la Cour d’Asile il y a plus de 110 formations de jugements avec des appréciations totalement différentes des situations en fonction des présidents. Pour un même dossier, selon le président, la décision peut être favorable ou défavorable. Ces décisions souvent contradictoires font aussi qu’il n’y a pas beaucoup d’harmonisation de la jurisprudence.

Cela veut dire aussi, du côté de la défense, que personne n’a le temps de travailler sérieusement, tant pour la traduction de certains documents, que pour envoyer éventuellement les personnes voir un médecin si elles ont été victimes de graves violences.

Quant à la rémunération des avocats, rien n’a bougé. Dans la reforme de l’asile, à l’OFPRA, les gens peuvent être assistés par un tiers, avocat ou association, ce qui sur le principe est une amélioration. Mais quels moyens met-on en face ? On nous avait dit qu’il y aurait un transfert de rémunération pour l’avocat par l’aide juridictionnelle, mais pour l’instant, rien. Donc, soit la personne a les moyens de payer, soit l’avocat travaille de façon gratuite. Or, il s’agit d’un vrai travail et pas seulement d’une présence, car il faut bien connaître le dossier pour poser les bonnes questions à l’OFPRA.

Enfin, il ya le temps nécessaire à un demandeur d’asile pour arriver à s’exprimer quand il a été victime de tortures parce que les gens ne vont pas en 3 semaines nous faire leurs confidences sur des points difficiles à exprimer. C’est pourquoi il est important que tout le monde puisse lire le Protocole d’Istanbul, adopté par les Nations Unies en 1999 et auquel les directives européennes « Accueil » et « Procédure » se réfèrent désormais.

Sur l’amendement qui n’est pas passé en juillet 2015, la commission de l’Assemblée ne voulait pas de notre proposition de réouverture car ils voulaient que le réexamen soit limité à des conditions très strictes fixées par l’OFPRA. Et si l’OFPRA a décidé que la demande est irrecevable, cela n’ira pas plus loin et cela va augmenter les reconduites des personnes à la frontière.

Les reconduites effectives à la frontière

La question qui devrait être posée c’est : pourquoi l’administration prend autant d’Obligations de quitter le territoire français ? Dans la plupart des dossiers, on est actuellement à 3 ou 4 OQTF. En temps qu’avocat, on va au tribunal toutes les années et on se dit qu’un jour on gagnera. Mais, année après année, l’administration prend des décisions de quitter le territoire, alors qu’elle sait pertinemment qu’elle n’arrivera pas à faire exécuter ces renvois.

Les statistiques du ministère de l’intérieur du 25 janvier 2016 montrent que sur 60000 OQTF, en pratique 15000 ont été exécutées pour l’année 2015, soit de 5% de baisse par rapport à l’année précédente. Il s’avère que 60% des décisions de quitter le territoire ne sont pas exécutées parce que les Etats étrangers refusent de délivrer les laissez-passer, soit qu’ils sont en guerre ou qu’ils n’acceptent pas que ces demandeurs d’asile reviennent chez eux. Tout le monde sait donc que ces mesures ne seront pas nécessairement exécutées mais elles sont prises quand même et elles mettent les personnes dans une situation de non droit, sans papiers.

Par contre, ces statistiques englobent les « départs volontaires », estimés à 9000 personnes. Avec les 15000 reconduites effectives, cela donne environ un total de 24000 départs. En moyenne, sous le gouvernement précédent, on était à 29000/30000 reconduites. Cette baisse des reconduites à la frontière n’est donc pas due à la générosité du gouvernement, mais à une énorme machine peu efficace et qui fait beaucoup de dégâts humains.

La réforme de la loi sur l’immigration

L’Assemblée reprend en ce moment la réforme de la loi sur l’immigration. L’idée centrale de la réforme vise à alléger les procédures et reconduire plus de personnes à la frontière. Or, le rapport Piérart du Conseil d’Etat sorti en novembre 2015, constate que les juridictions administratives sont totalement embouteillées, notamment par les OQTF.

Parmi les propositions, on peut noter :

  • Supprimer la compétence du juge administratif pour les reconduites à la frontière et confier ce travail à des commissions administratives ;
  • Réduire l’accès à la Cour administrative d’appel et le recours au Conseil d’Etat.

Comme pour les demandeurs d’asile, le rapport Piérart estime que cela coûte trop cher et que c’est trop long Donc, l’idée revient à dé-judiciariser ces questions et de les remettre à des commissions administratives. Avantages : on ne saisit pas le juge, il n’y a pas d’avocat et surtout on supprime les recours effectifs.

Donc, on va réduire la durée de traitement des dossiers, remplacer la compétence du juge par des commissions administratives. Quand elles seront déboutées, les personnes n’auront plus droit au recours et on augmentera les reconduites à la frontière.

Deux ou trois choses que nous savons au sujet des amendements

proposés par PassereElles Buissonnières et Tiberius Claudius

Le 30 juillet 2015, la loi relative à la réforme du droit d’asile paraissait au Journal Officiel.

Les « personnes vulnérables »

Cette loi devait transposer en droit français deux directives européennes avant le 20 juillet 2015 et intégrer les directives Accueil et Procédure du 26 juin 2013 dans la perspective d’une politique européenne commune dans le domaine de l’asile, en référence aux préconisations du Protocole d’Istanbul.

Ces directives s’intéressent particulièrement aux personnes « vulnérables », telles que les mineurs, les mineurs non accompagnés, les handicapés, les personnes âgées, les femmes enceintes, les parents isolés accompagnés d’enfants mineurs, les victimes de la traite des êtres humains, les personnes ayant des maladies graves, les personnes souffrant de troubles mentaux et les personnes qui ont subi des tortures, des viols ou d’autres formes graves de violence psychologique, physique ou sexuelle, par exemple les victimes de mutilation génitale féminine.

L'article 3 de la nouvelle loi modifie ainsi Code d’Entrée et de Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile (CESEDA) et indique : « S’agissant des motifs de persécution, les aspects liés au genre et à l’orientation sexuelle sont dûment pris en considération aux fins de la reconnaissance de l’appartenance à un certain groupe social ou de l’identification d’une caractéristique d’un tel groupe. »

Les amendements proposés :

Le groupe pluridisciplinaire réuni par l’association PasserElles Buissonnières et Tiberius a rédigé deux amendements présentés il y a un an sous le titre « Affaire 179 : le projet Asile 2014 ». Ces travaux se basaient sur les préconisations du Protocole d’Istanbul qui concernent les personnes ayant été l’objet de tortures.

L’amendement sur le Huis clos a été accepté

Deux amendements s’affrontaient, celui défendu par Sandrine Mazetier et B. Cazeneuve « Lorsque la requête repose sur des faits de viol ou de tortures et actes de barbarie accompagnés d'agressions sexuelles, le huis clos est de droit si le requérant le demande » et celui de PasserElles/Tiberius « Le huis clos sera prononcé de droit si le demandeur d’asile ou son conseil le sollicite.”

En séance plénière, contre l’avis qui limitait le droit au huis clos sous prétexte que sa généralisation contreviendrait au principe républicain de la publicité des débats, Sergio Coronado, Denys Robilliard et Pascale Crozon ont défendu notre amendement qui a finalement été accepté.

« Art. L. 733-1-1. : Les débats devant la Cour nationale du droit d’asile ont lieu en audience publique après lecture du rapport par le rapporteur. Toutefois, le huis-clos est de droit si le requérant le demande ».

L’amendement sur le Réexamen de la demande

La proposition de PasserElles/Tiberius était : « L’Office procédera au réexamen de la demande si des faits liés à des violences graves ou tortures n’ont pu être évoqués en première demande », amendement rapidement rejeté. La loi est devenue :

« Art. L. 723-14. – Si, dans un délai inférieur à neuf mois à compter de la décision de clôture, le demandeur sollicite la réouverture de son dossier ou présente une nouvelle demande, l’office rouvre le dossier et reprend l’examen de la demande au stade auquel il avait été interrompu ../.. Le dossier d’un demandeur ne peut être rouvert qu’une seule fois en application du premier alinéa. Passé le délai de neuf mois, la décision de clôture est définitive. »

Les avocats spécialistes du droit des étrangers et l’aide juridictionnelle

Après avoir voulu faire financer l’AJ en partie avec les intérêts produits par l’argent des clients des avocats consignés dans les Caisses des règlements pécuniaires des avocats (CARPA), Christine Taubira est revenue en arrière après les grèves d’avocats menées par le Syndicat des avocats de France en octobre dernier.

Il est de plus en plus difficile pour les avocats spécialistes du droit des étrangers d’assurer l’assistance aux bénéficiaires de l’AJ car la rémunération est souvent bien inférieure aux frais engagés. Un dossier en Cour nationale du droit d'asile avec audience publique est tarifé à 16 unités de valeur soit 16x23,18 = 370€ pour les entretiens avec les personnes, la constitution du dossier, le voyage à Paris, la plaidoirie…

Accès au droit - Renouvellement de titre de séjour par internet

Ou les dégâts collatéraux de la dématérialisation des procédures

Un dossier du cabinet d’Alain Couderc et Morad Zouine

Pour remédier aux longues files d’attente devant la Préfecture, un système de prises de rendez-vous sur Internet a été mis en place en 2014 et rendu obligatoire depuis août 2015.

Monsieur B, salarié depuis 2005, marié et père de 4 enfants, est titulaire d’une carte de résident expirant le 5octobre 2015. La réglementation précisant que l’étranger doit présenter sa demande de renouvellement « dans le courant des deux derniers mois précédant l'expiration de la carte de séjour dont il est titulaire », Mr B se présente donc le 24 septembre2015 à la Préfecture pour faire enregistrer sa demande de renouvellement de titre de séjour et obtenir un récépissé, celui-ci lui permettant de maintenir ses droits pendant la période d’examen de sa demande.

Mr B est alors informé qu’il doit prendre rendez-vous au préalable en se connectant sur le site de la Préfecture. M. B quitte la Préfecture sans qu’on lui ait délivré de récépissé, procède à la démarche sur internet et obtient un rendez-vous… pour le 23 novembre 2015, soit 49 jours après la date d’expiration de son titre de séjour.

Depuis la mise en place de la nouvelle procédure dématérialisée, les délais de RV semblent avoir explosé. Or, ces 49 jours et l’absence de récépissé signifient pour Mr B : la situation d’irrégularité, la suspension de son contrat de travail, l’impossibilité de financer ses dépenses de famille et de rembourser son crédit immobilier.

Compte tenu de la gravité des conséquences d’une telle mesure, Mr B décide de se faire accompagner et fait saisir le juge des référés du TA de Lyon pour faire avancer le rendez-vous.

Considérant que la Préfecture place les étrangers renouvelant leur titre de séjour dans une situation irrégulière, le TA a enjoint le Préfet de recevoir Mr B « dans ses services pour qu’il puisse déposer sa demande de titre et lui en délivrer récépissé dans un délai de 48h ».

L’expulsion des foyers des personnes déboutées de l’asile.

Qui la demande ? Qui va décider ? Juge judiciaire ou du juge administratif ?

La récente jurisprudence du Conseil d’État avait qualifié « le C.A.D.A d’immeuble appartenant à une personne morale de droit privé et considéré qu’il appartenait alors au Juge judiciaire d’ordonner éventuellement l’expulsion. » (Arrêt du Conseil d’Etat du 11 mai 2015 – n° 304957)

En juillet 2015, concernant les questions d’expulsions des personnes déboutées de l’asile, le législateur a prévu que c’est le Préfet et non le gestionnaire du C.A.D.A qui devra demander l’expulsion. Toutefois, le gouvernement et le pouvoir législatif ont estimé qu’il fallait rendre compétent le Président du Tribunal administratif et qu’il traite cette demande dans le cadre des procédures « Référés – mesures utiles ».

Il s’agissait d’éviter le Juge judiciaire qui est plus à même d’apprécier la précarité des personnes et d’accorder des délais, conformément aux textes de Loi applicables en cette matière.

Il faudra donc poursuivre ce travail devant les Juges Administratifs, pour obtenir d’eux le respect des délais prévus par ailleurs en cas de demande d’expulsion d’occupants sans droit ni titre…

Une Journée de Formation à Lyon le 20 novembre 2015

Pour faire connaitre le trop méconnu Protocole d'Istanbul.

Le travail de groupe réalisé par PasserElles Buissonières et Tiberius Claudius pour deux amendements à la Loi Asile, a conduit ses membres à lire le Protocole d'Istanbul auquel les directives européennes «Accueil» et «Procédure» se réfèrent. Adopté par les Nations Unies en 1999, ce manuel s’adresse aux différents professionnels intervenant auprès de victimes de tortures. Pour faire connaître ce texte, PasserElles Buissonnières a organisé le 20 novembre 2015 une journée qui a réuni une cinquantaine de participants d’horizons professionnels variés.

A la tribune : Caroline Schar, psychologue (Suisse) et Önder Özkalipci, médecin légiste (Turquie), coordonnateurs de l'élaboration du Protocole d'Istanbul ; Doudou Diene, vice-président du comité scientifique de l'Institut international de recherche politique de civilisation, fondé par Edgar Morin, et par ailleurs expert indépendant auprès de l'ONU ; Marie-Noëlle Fréry, avocate spécialiste du droit des étrangers. Hélène Surrel, professeur de droit public à Sciences-Po Lyon a assuré l’introduction, la circulation de la parole et la conclusion de la journée.

Une journée stimulante, le matin avec des interventions suivies d'échanges avec la salle ; un buffet convivial permettant les rencontres ; et l’après-midi, des ateliers de réflexion. Les actes journée paraîtront bientôt.

PasserElles Buissonnières ? Cette association lyonnaise, née en 2012, propose à des femmes ayant connu la maladie ou l’exil de se réunir pour élaborer un projet professionnel et un projet de vie.

L’accompagnement articule trois temps : un temps individuel où chacune accompagnée par un médecin et une juriste, pense et construit son projet personnel ; des ateliers thématiques pour rompre avec l’isolement et se réinscrire dans une identité sociale : santé, informatique, relaxation, français langue étrangère, conversation anglaise, conte, manger-bouger, organiser son temps, autodéfense ; et des «passerelles» pour s’ouvrir sur la cité : repas bimestriel « le Goût de l’Autre », découverte de la ville et de ses acteurs, Salon des femmes du monde pour partager une citoyenneté active.

Tiberius Claudius - dans lettre Droit
2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 21:48

Nous reproduisons ici l’intervention de Madame Michelle Zancarini-Fournel, historienne, lors de la conférence du 5 novembre 2015 - Mairie du 1er arrondissement de Lyon, organisée par la Cimade et le Collectif des Associations de défense des droits des étrangers

Il est nécessaire de casser l’image bienfaisante que la France veut donner d’elle-même comme patrie des droits de l’homme et du droit d’asile qui lui permet aujourd’hui d’être beaucoup plus frileuse et restrictive que l’Allemagne dans l’accueil des réfugiés. L’histoire le montre amplement depuis la Révolution française de 1789.

On peut distinguer cinq moments clés dans la figure contemporaine de l’étranger/ère et du/de la réfugié-e, les deux conditions et statuts étant inextricablement mêlés.

I - La Révolution française, de l’accueil universel à la suspicion générale

Les cahiers de doléances de 1789 font silence sur la présence d’étrangers qui semble aller de soi, à l’exception des Juifs où la question de leur statut est posée. La Révolution Française, ce moment initiateur de la culture républicaine, déclare un droit à l’universel. Quelle place va t-elle faire aux étrangers qui affluent sur son territoire en 1789 ? C’est à partir de leur statut que va être défini le droit de nationalité et de citoyenneté avec le principe : « Il n’ y a pas de frontière pour les amis de la liberté ». Certains étrangers obtiennent même en 1792 le droit de représenter le peuple français : c’est le cas de ceux qui se considèrent ambassadeurs du genre humain, l’anglo-américain Thomas Paine, le prussien de Cloots, et plus connu le Suisse Marat, devenus députés. La constitution du 24 juin 1793 affirme que « le peuple français donne asile aux étrangers bannis de la patrie pour la cause de la liberté. Il la refuse aux tyrans ». Mais la Convention en guerre considère quelques semaines plus tard que l’origine étrangère préjuge au contraire un danger pour la patrie.

Le projet de loi du 3 aout 1793 redéfinit un statut d’hospitalité, marqué pour les étrangers par le port obligatoire d’un brassard tricolore sur lequel ce terme est inscrit. 0n définit aussi des étrangers de l’intérieur : nomades, pauvres et contre-révolutionnaires considérés comme suspects. Sont exclus de la souveraineté, l’étranger national né hors de France, exclu de la souveraineté ( 6 nivôse an II/ 26 décembre 1793) et l’étranger politique né ou non en France, devenu un traitre (tel le roi Louis XVI considéré comme étranger). Le décret du 7 prairial an II (26 mai 1794) exclut également les Anglais devenus traîtres et étrangers à l’humanité (il ne sera pas fait de prisonniers anglais). Des comités de citoyens vérifient localement la situation et la loyauté des étrangers. L’ensemble des membres du peuple souverain ne jouit cependant pas des droits de citoyens. Les citoyens passifs, les femmes et les esclaves sont exclus du souverain et n’ont pas le droit de citoyenneté.

À la faveur de la guerre européenne de conquête sous le Directoire et l’Empire, des légions sont constituées avec des étrangers qui veulent défendre les acquis révolutionnaires. La plus célèbre est la légion polonaise formée de 2000 hommes venus après le troisième partage de la Pologne.

Dès la période révolutionnaire, après la déclaration universaliste des droits de l’homme, apparaît une oscillation entre l’accueil de « tous les amis de la liberté » à qui l’on accorde parfois la nationalité française, et, avec la guerre, leur rejet du fait des craintes que fait naître « le complot de l’étranger ». En 1804 parce que la naissance sur le sol paraît insuffisante pour garantir la fidélité d’enfants étrangers nés en France, le Code civil rejette ainsi le simple jus soli hérité de l’AR et institue le monopole de la transmission automatique de la condition de Français par la filiation, le jus sanguinis.

Le cas particulier des juifs

À la veille de la Révolution, les juifs représentent en France une petite minorité - au maximum quarante mille personnes - dont la présence n'est tolérée que dans les marches frontières. Dans un certain nombre de régions, des juifs sont installés depuis longtemps : dans les provinces et les villes de l'Est rattachées plus tardivement à la France (en particulier en Alsace : une population essentiellement rurale qui représente la moitié de la population juive de France.) Dans le Sud-Ouest, les "marranes" ayant fui l'Espagne ou le Portugal à la suite de la Reconquista (1492) sont surnommés « les Portugais ».

Dans le sud-est, des juifs habitent l’enclave des Papes, autour d’Avignon et du Comtat Venaissin, région rattachée à la France à la Révolution : c’est la seule communauté juive enracinée depuis des siècles sans interruption. Lors de la rédaction des cahiers de doléances, les juifs d’Alsace et de Lorraine ont le droit de présenter un mémoire et non un cahier : ils réclament la liberté de culte et l’égalité fiscale. 307 cahiers traitent du problème juif dans 33 bailliages ou districts. La question de l’émancipation est posée à la veille de la révolution. La Déclaration des Droits de l'Homme affirme que « tous les hommes naissent et demeurent égaux en droit » et que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses ».

Ce que les juifs obtiennent par les premières réformes de la Révolution c'est le droit de résidence dans n'importe quel point du royaume. Une première étape en faveur des juifs est franchie le 28 janvier 1790 quand l'Assemblée constituante accorde les droits de citoyen actif aux Juifs « connus sous le nom de Portugais, Espagnols et Avignonnais ». La majorité des députés des provinces de l'est continue à s'opposer à ce que les mêmes droits soient accordés aux Juifs de leurs régions, au nom de l'ordre public. Jamais selon eux, le calme ne règnerait en Alsace si les Juifs étaient admis au rang de citoyen actif. À la veille de se séparer, l'Assemblée constituante finit par voter le 27 septembre 1791 l'abolition de toute discrimination concernant les juifs. Ce décret s'applique à tous les résidents en France, sans exception : Le terme de "Nation juive" est définitivement banni ; les structures communautaires doivent disparaître. 1 le principe est « Il faut tout refuser aux Juifs comme Nation et tout leur accorder comme individus ».

Les juifs ont participé avec enthousiasme au mouvement populaire des années révolutionnaires. Mais la déchristianisation de 1793 paralyse aussi le culte juif. Cependant pour les communautés juives des régions d'Outre-Rhin et d'Italie où pénètrent les armées de la République à partir de 1795 c’est l'heure de la liberté. Les murs du ghetto de Rome sont mis à terre ; des arbres de la Liberté sont plantés en Allemagne. En dépit des tensions et des conflits, le principe de l'émancipation des Juifs n'est pas remis en question ; leur statut est pérennisé dans la constitution de l'an III (1795) sans débat.

Les décrets napoléoniens de 1808

Les deux premiers décrets réglementent le culte. Le gouvernement calque l’organisation et le rôle des rabbins sur celui des prêtres ou des pasteurs. On impose aux juifs une organisation : un Consistoire Central avec son grand rabbin à Paris et deux laïcs, plus un consistoire composé d’un rabbin plus trois laïcs dans chaque département. En rupture complète avec les structures communautaires d'avant la Révolution, l'organisation consistoriale est imposée de l’extérieur. Mariages, enterrements, sermons sont célébrés à la synagogue.

Des familles juives peuvent alors s'établir dans les grandes villes Lyon, Marseille, Toulouse. L'évolution se fait très lentement et les bénéfices de la liberté professionnelle ne seront visibles qu'après 1830. Mais dès les années 1795, l'idéalisme révolutionnaire auquel s'ajoutent les exigences de la conscription napoléonienne, pousse les Juifs dans la carrière militaire. Un certain nombre d’entre eux entre dans les écoles supérieures militaires. Beaucoup, recrutés comme simples soldats, gravissent rapidement les échelons et accèdent au rang d'officiers. La convocation de l'Assemblée des Notables, puis celle du Sanhédrin, est, pour Napoléon, l'occasion de jauger la vraie nature de l'attachement des Juifs à la France et des chances de réussir leur intégration au sein de la nation française, ce qui n’empêche pas de leur faire subir des discriminations.

II- la naissance de la figure du travailleur immigré et la loi de 1889 sur la nationalité

Dans le premier XIXe siècle l'accueil des étrangers concerne un petit nombre – autour de 20 000 au milieu du siècle (réfugiés subventionnés en 1837 : 5282 Polonais, 870 Espagnols, 568 Italiens, 14 Allemands) poursuivis pour des raisons politiques dans leur pays et qui viennent chercher la liberté de penser, d’agir et de créer. En 1832 la Chambre s ‘interroge sur la distinction qui existe entre réfugié et étranger. Mais il y a aussi des étrangers pour faire des affaires ou développer des fabriques dans le textile, la métallurgie, et aussi des ouvriers qualifiés, ce qu’on appelle « l’aristocratie ouvrière », qui apportent leur savoir-faire ( Allemands, Anglais ou Suisses).

On compte les étrangers pour la première fois au recensement de 1851 et ils ont 350 000, 800 000 en 1876, 1 million en 1881, soit 3% de la population française.

Au milieu du XIXe, les Belges sont les plus nombreux et le restent jusqu’en 1901. Puis viennent les Italiens vers (en réalité d’abord les Piémontais pour la construction des chemins de fer), puis dans divers métiers surtout du bâtiment et les Piémontaises dans l’industrie de la soie. Ils représentent un quart de la population de Marseille au début du XXe siècle. Les garçons à partir de 11 ans sont employés dans les verreries du bassin de Rive-de-Gier. Tous font des aller retour incessants entre pays de départ et pays d’accueil : en 1911 400 000 Italiens sont présents, mais 1,8 millions sont venus pour les besoins du marché du travail, mais aussi par le biais des des fratries et cousinages, développant des solidarités familiales et collectives. Les réseaux familiaux, communautés de compatriotes regroupés par quartiers ou ilots, représentent un sas d’acclimatation qui permet de ne pas rompre avec le pays natal. Il y a aussi des sous-entrepreneurs qui organisent à leur profit la venue de groupes de travailleurs.

La patrie humiliée après la guerre de 1870 et la défaite provoquent une haine et un mépris de l’étranger : haine du Prussien d’abord, mais aussi – séculaire – de l’Anglais ; et aussi des Italiens paresseux, malhonnêtes etc. Le journal des Guesdistes, ancêtre du parti socialiste, Le Cri du peuple, qualifie les Italiens surnommés les « Christos » de « tristes brutes aveuglées de catholicisme ». Une xénophobie galopante gagne tous les milieux y compris envers ceux considérés comme les ennemis de l ‘intérieur, les Juifs « cosmopolites et apatrides ».

Les juifs, émancipés depuis 1791 avec la révolution française, acculturés, patriotes, doivent face faire à la fin du XIXe au regain de l’antijudaïsme (religieux) devenu antisémitisme (racial) dans le contexte de l'ébranlement du monde rural et catholique et la résistance du monde traditionnel au développement industriel, de l'établissement difficile de la république laïque contre les forces sociales liées à l’Église catholique, des doctrines socialistes combattant le capitalisme et l’argent, la dynastie Rothschild incarnant la finance internationale, de la force des nationalismes européens et de l'invention prétendument « scientifique » des races.

Le Krach de l’Union générale en 1882 est attribué à la finance juive. Édouard Drumont fait la synthèse du courant socialiste et du courant catholique dans La France juive (2900 pages, six volumes entre 1886 et 1892; le chapitre 6 associe francs-maçons, protestants et juifs) et dans son quotidien La libre parole (200 000 exemplaires). Les campagnes antisémites publiques commencent à La Croix (journal catholique) à partir de 1886, et se développent à partir de 1889 avec l’Affaire Dreyfus. Elles entretiennent les fantasmes du juif allemand et du juif anglais, d’une « bande de juifs et de francs-maçons venus de l’étranger ».

L'hostilité du monde ouvrier vis à vis des étrangers est ancienne, fondée sur la concurrence dans le travail : elle apparaît dès la fin de l’Empire dans le textile, mais surtout en 1848 avec la crise et la contraction de l’emploi contre les Belges dans le nord, et aussi à Paris. Elle redouble avec la grande dépression entre 1873 et 1896. En témoignent, par exemple les émeutes d'Aigues-Mortes contre les Italiens qui font neuf morts officiellement et de nombreux blessés en 1893 et de la Mure en 1901 (la mairie socialiste et le syndicat avaient demandé le remplacement des italiens par les grévistes de Montceau-les-Mines : « chasse aux ours » (surnom des Italiens), maisons brûlées,..

C'est dans le contexte de La nationalisation en profondeur de la société française, et de l'intervention massive de l’État dans la vie économique et sociale, qu'a lieu la discussion d’une loi sur la nationalité, pour pallier le déficit démographique. La loi de 1889 traduit la nécessité de renoncer au jus sanguinis et de revenir au jus soli, position soutenue par le grand patronat (besoin de main d ‘œuvre), les élus des régions ouvrières (contre la concurrence étrangère) et les militaires (pour reconstruire une armée puissante). La loi prévoit une naturalisation à deux vitesses (pas d’éligibilité pendant dix ans). Pour protéger le marché national, toutes les lois sociales de la Troisième République sont réservées aux nationaux et plusieurs professions sont interdites aux étrangers ou établissent des quotas. La loi de 1889 peut être considérée comme un tournant : elle institutionnalise le droit républicain en instaurant le droit du sol. Elle est accompagnée de procédures policières d’identification nationale avec des fiches individuelles liées à l’anthropologie physique (Bertillon et ses photographies de face et de profil avec caractéristiques physiques, « le bertillonnage ») accompagnées des empreintes digitales.

La guerre de 1914-1918 achève le processus de nationalisation de la société française. Les émigrés venant de pays ennemis sont parqués dans des « camps de concentration », y compris les Alsaciens-lorrains du sud de l’Alsace libéré dès septembre 1914 et les femmes mariées à un étranger. Après le certificat d’immatriculation des étrangers en mairie en 1893, le carnet anthropométrique pour les nomades et tsiganes en 1912, la carte d’identité pour les étrangers devient obligatoire à partir du décret du 2 avril 1917.

III –Le cosmopolitisme de l’entre deux guerres : droit d’asile et statut de réfugié

Dans une France à reconstruire, démographiquement affaiblie par les nombreux morts de la Grande guerre, l’immigration s’avère plus que jamais nécessaire. L’État prend en charge le recrutement collectif avant de le partager avec le secteur privé. Les compagnies charbonnières et maîtres de forges créent en 1924 la Société Générale d'Immigration (missions dans les pays fournisseurs de main d’œuvre; installation dans des camps de transit au départ et acheminement vers les régions industrielles). Les entrées passent aussi par des filières individuelles et clandestines, les pouvoirs publics régularisant après-coup. En revanche, l’État continue à assurer seul la surveillance des étrangers. Dans le même temps, arrivent des exilés et des réfugiés : certains bénéficient d’un statut adopté par la Société des Nations (SDN) qui offre une garantie à certaines minorités nationales, mais tergiverse sur le cas des Arméniens (génocide en Turquie à partir de 1915) entre 1920 et 1923.

En 1931, la France compte 2,9 millions d’étrangers (soit 7% de la population) : elle est le premier pays d’immigration au monde avant les États-Unis.

Le parti communiste français pousse à l’intégration des étrangers avec les groupes de langues, y compris avec le syndicat CGTU (Italiens en Lorraine, Polonais dans le nord) mais pas partout : en septembre 1924 les dockers du syndicat unitaire marseillais hurlent « les bicots à La Joliette ».

On observe un recul en 1928-1930 après les premiers effets de la crise. La France rend obligatoire une carte de travail pour étrangers. Les gouvernements étrangers surveillent leurs ressortissants (en particulier Mussolini et son gouvernement fasciste depuis 1925 qui utilise les associations culturelles ; On note des tentations séparatistes chez les Arméniens mal accueillis dans le sud-est.

Refugiés politiques

L'ampleur du nombre de réfugiés caractérise les années qui suivent la Première Guerre mondiale (deux millions de Russes déchus de leur nationalité après la révolution de 1917, les antifascistes italiens et les juifs allemands et autrichiens à partir de 1933).

Depuis 1921, et grâce notamment à l'action du Norvégien Fritjhof Nansen, des hauts commissariats de la Société des nations se spécialisent dans accueil de groupes de réfugiés d’origine bien déterminée - russe puis arménienne avec le « passeport Nansen ». Puis, parce qu’il devient évident que les réfugiés ne pourront pas rentrer chez eux, se pose la question du droit d’asile. La convention de Genève de 1933 (modèle pour les conventions ultérieures) est la première étape de la définition du réfugié « une personne qui ne jouit plus de la protection de son pays », définition fondée non sur la nationalité mais sur l’origine nationale, mais elle repose encore sur l’énumération de groupes bien définis.

Avec la crise des années 1930, revient une xénophobie multiforme qui se marque par la protection du marché national de l’emploi et l’interdiction de certaines professions (artisans et commerçants) aux étrangers. Le Président du Conseil Camille Chautemps déclare en janvier 1934 : « La France veut bien être une voie de triage, mais pas une voie de garage ». Dès 1934 des exilés en provenance d’Allemagne sont renvoyés dans leur pays d’origine.

Le Front populaire en 1936 établit pour la première fois une distinction entre immigré économique et réfugié, le second - à l’inverse du premier - ayant accès sans limite au marché du travail et ne pouvant être expulsé vers son pays origine. La Convention de Genève de 1933 est ratifiée en 1936 par la France mais avec des restrictions (loi de 1932 sur la protection du travail national).

Les égoïsmes nationaux entrainent la fermeture progressive des frontières alors que les annexions territoriales se multiplient, augmentant le flot des réfugiés.

Le décret loi du 2 mai 1938 assigne les exilés à résidence. Loi de 1927 avait porté de trois à cinq ans le délai avant la naturalisation complète (avec exclusion du droit de vote) .

Depuis les années 1930 de nombreuses associations viennent en aide aux réfugiés russes, arméniens, autrichiens juifs et espagnols dans les milieux chrétiens et/ou politiques essentiellement (le PCF pour les réfugiés espagnols à partir de 1936, la Ligue internationale contre l’antisémitisme, la Ligue des droits de l'homme). En 1938 une conférence internationale pour le droit d’asile légitime « la crainte de la persécution », ce qui évite la tactique du « coup par coup » employée jusque là. La CIMADE est créée en 1939. À cette date il y aurait 550 000 réfugiés (dont 350 000 Espagnols).

IV- Après la Seconde Guerre mondiale : droit d’asile et code de la nationalité

La fin de la deuxième guerre mondiale provoque un tournant dans le droit d’asile : 30 millions de personnes déplacées.

L'ONU fonde en décembre 1946 et l'organisation internationale des réfugiés est créée par l’ONU en décembre 1946 ainsi qu’en 1950 un Haut Commissariat aux réfugiés qui gère le transport de deux millions de personnes déplacées en Europe.

Alors que l'URSS et les pays d’Europe de l’Est refusent d’accorder le statut de réfugié à ceux qui s’opposent à leur gouvernement, les Britanniques ont une conception plus universaliste des réfugiés. Les non-européens (juifs d’Afrique du nord, asiatiques), des personnes déplacées « rapatriables » (position de l’URSS et de la France), les « collaborateurs » et les « criminels de guerre », les Allemands (sauf les juifs) sont privés de la protection de l’Organisation internationale des réfugiés. Un noyau résiduel de réfugiés a été parqué pendant 10-15 ans dans des camps après la Seconde Guerre mondiale (200 000 en 1949).

La Convention internationale de 1951 est ratifiée par la France en 1954 avec des restrictions (limitée aux Européens, avant 1951 et réfugiés soumis au droit des étrangers). La France s’oppose à toute extension de la protection internationale… jusqu’à l’indépendance de ses colonies au moins ! C’est seulement par le protocole de New York de janvier 1967, publié en avril 1971 que toutes les restrictions de date et de lieu d’origine sont levées, mais avec une qualification individuelle des ayant droits dite « procédure d’éligibilité »

La gestion des demandes est prise en main par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides OFPRA (25 juillet 1952) et la Commission des recours des réfugiés créés à cet effet. De plus en plus s'installe un contrôle policier pour débusquer les « faux réfugiés » : ce sont les Renseignements généraux qui s’occupent des Espagnols en en refoulant un certain nombre (1/4 des 11 000 en 1949 non reconnus comme réfugiés) ou en les assignant à résidence en Corse ou en Algérie (pour les militants). Progressivement par le contrôle bureaucratique, tout est fait pour éliminer les demandes qui ne s’inscrivent pas dans la forme prévue par la loi. Le demandeur d’asile doit faire la preuve écrite de sa persécution ; les demandes mal rédigées en français sont refusées. Il faut pouvoir administrer la preuve des persécutions.

Pour l’immigration, le Code de la nationalité française du 19 X 1945 et une seconde ordonnance sur les conditions d’entrée et de séjour des étrangers le 2 XI 1945 mettent en place une législation unique ; mais subsiste une continuité administrative avec le gouvernement de Vichy par le personnel et les pratiques, due en partie à l'influence de Georges Mauco, défenseur d’une hiérarchie des ethnies dites « assimilables ». Dans la hiérarchie des groupes dit « assimilables », l’immigration italienne occupe la seconde place derrière l’immigration nordique (pas tous les Italiens, les Italiens du nord, ceux du sud sont envoyés d’abord dans les mines, alors que les Algériens qui ont le droit comme Français de se déplacer librement sont stigmatisés). De plus on cible une immigration familiale et on favorise le regroupement familial des familles italiennes dès 1947, d’où les allocations familiales données aussi aux familles étrangères (mais pas aux familles restées en Algérie dont le père travaille dans l’hexagone, car venant de « départements français »). Les deux piliers de la politique migratoire sont donc assimilationisme et familialisme. Le conflit entre une conception ethnocentrée et une vision égalitaire traverse l'histoire de la mise en oeuvre de la politique française de l'immigration (selon les responsables et les individus)

Au plan intérieur, la protection du travail national mise en place dès la fin du XIXe siècle, approfondie sous Vichy est poursuivie à la Libération (malgré l’opposition du patronat qui veut se servir des immigrés choisis comme d’un « volant d’ajustement ». (ex statut général des fonctionnaires de 1946, mais aussi médecins, dentistes, infirmières, magistrats). Pour les étrangers on établit une distinction aussi entre résident temporaire (un an), résident ordinaire (trois ans) et résident privilégié (dix ans). Un Office national de l’immigration est est créé, Il a le monopole du recrutement des étrangers et de leur famille avec un contrat de travail, et est financé par le montant de la redevance payée par les immigrés et les entreprises. Entre 1945 et 1975 le nombre d’étrangers a été doublé : 3,4 millions en 1975 (première nationalité les Portugais, puis les Algériens). L’État français organise l’immigration entre 1945 et 1973 puis après 1974 ferme les frontières.

Après la deuxième guerre mondiale, persiste la contradiction héritée de la Révolution Française, entre respect des « droits de l’homme » et défense des intérêts des citoyens et de la nation.

V- Le tournant de 1974 et les débats des années post 1981

Le code de la nationalité est toujours en vigueur mais des décrets et circulaires modifient la donne comme celle de 1974 qui suspend l’immigration (à l’exception du regroupement des familles).

La lecture des statistiques après juillet 1974 montre que la catégorie la plus touchée par la décision de l’arrêt est celle des travailleurs non qualifiés n’appartenant pas une à nationalité d’un État membre de l'Union Européenne ; leur nombre est passé de 132 000 en 1973, ensuite à environ 25 000 vingt ans plus tard. Il faut aller contre l’idée reçue et partagée de l'augmentation des flux de l’immigration familiale après 1974 ; elle était avant 1974 comprise entre 75 000 à 85 000 personnes par an. Les chiffres furent ensuite de 56 000 en 1975, et 49 000 en 1980. Dix ans plus tard 35 000 personnes entrent chaque année.

Restent les demandeurs d’asile: leur nombre a augmenté de quelques milliers en 1974 à 60 000 en 1989. Mais constatons la relative efficacité de l’État français à faire diminuer ces chiffres : entre 1989 et 1993 le nombre de demandes asile est passé de 60 000 à 28 000. Le nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France a été divisé par trois. (300 000 par an au début des années 1970 à 100 000 en 1988).

Le FAS (Fonds d’action sociale pour les travailleurs émigrés et leur famille) créé en 1958 et la SONACOTRA (Société nationale de construction de logements de travailleurs immigrés) ont été conçus au départ pour favoriser le maintien en Algérie des familles des ouvriers venus travailler en métropole. Mais on comprend bien alors que pour ceux qui fondaient le droit à l’immigration familiale sur des exigences d’origine nationale, la poursuite après l'arrêt de l'immigration de travailleurs en 1974 d’une immigration de familles aux origines indésirables ait pu apparaître comme un effet pervers.

Les ordinateurs sont plus efficaces que les contrôles physiques aux frontières. Le ralentissement de l’activité économique en 1971, provoque début 1972 la circulaire Marcellin (24 janvier, ministre de l’Intérieur) et la circulaire Fontanet (23 février, ministre duTravail) avec, en préfecture, un «guichet unique» carte de travail et carte de séjour. Puis en 1975 trois cartes : A – carte temporaire de travail valable 1 an ; B - carte ordinaire valable trois ans; C - carte de dix ans. .La «carrière de papier» désigne l’ensemble des statuts acquis par l’étranger au cours de son séjour. Elle relève d’une redéfinition permanente du statut de l’étranger au cours du temps, déterminée par les décisions de l’administration et par les changements de stratégie individuelle qu’elles ont suscités.

Apparaît ici la figure du « clandestin », le nombre de régularisations s’effondrant et la régularisation devenant exceptionnelle. La police de l’air et des frontières se concentre sur l’immigration et vérifie soigneusement ceux venus d’Afrique qui se présentent comme « étudiants ». De la loi Bonnet en 1980 (politique du retour) à la loi Sarkozy de 2003, le code de la nationalité de 1945 a été modifié plus de vingt fois, montrant que c’est le pouvoir politique et moins l’administration qui est le centre de gravité de la politique d’immigration et d’accueil.

Font exception à la maîtrise des flux les demandeurs d’asile, les réfugiés, conjoints de Français et travailleurs très qualifiés avec certaines nationalités d’Asie (lien avec la fin de la guerre du Vietnam en 1875). Le débat se focalise sur les « faux réfugiés » qui ne seraient pas victimes des persécutions politiques. Le nombre des réfugiés accueillis chaque année n’a cessé de régresser sous le second septennat de Mitterrand : 9 000 en 1988, 3 200 en 1995 (nécessité de fournir « les preuves irréfutables des sévices »). Cependant la loi du 17 juillet 1984 entérine la promesse de Mitterrand de décembre 1983 après la Marche de l’égalité contre le racisme. Elle supprime la double carte séjour/travail et institue une carte de dix ans qui donne l’autorisation d’exercer la profession de son choix sans autorisation. Elle fait une séparation nette entre les immigrés installés qu’on doit intégrer et les étrangers en situation irrégulière qui doivent être éloignés du territoire.

La politisation de l’immigration est venue aussi des luttes des immigrés eux-mêmes, des associations comme le GISTI qui engagent des contentieux juridiques, de la médiatisation aussi des questions d’immigration

Une première depuis 1889, avec les Lois Pasqua, dont celle de 1993 qui a joué un rôle important pour les jeunes qui n’acquièrent plus automatiquement la nationalité française à leur majorité ( limitation du jus soli. ). Ils sont soumis à une déclaration préalable indispensable entre 16 et 18 ans et ne doivent pas avoir quitté le territoire plus d’un an. Cette loi a été supprimée par la loi Guigou du 16 mars 1998.

Un mouvement des sans-papiers se développe en 1996, soutenus par un certain nombre de cinéastes et d’intellectuels. Un livre collectif en 1997 dont le titre est éloquent : Les lois de l’inhospitalité : les politiques de l’immigration à l’épreuve des sans-papiers.

Les Trente dernières années : le changement

Avec la fin de l’immigration traditionnelle d’Italie, d’Espagne ou du Portugal, l’immigration est devenue extra-européenne et très liée aux anciennes colonies (Maghreb, Afrique subsaharienne francophone, Indochine). Les migrants venus du Maghreb sont particulièrement discriminés dans une xénophobie ambiante en hausse dans les années 1980 (succès électoraux du Front national à partir de 1983 et reprise dans le langage commun des éléments de son programme), parallèlement au développement d’un chômage de masse. Un rejet spécifique concerne les Algériens pour « un passé qui ne passe pas ».

Mais aussi des éléments plus généraux,

  • la mondialisation de la culture (rôle des médias de masse) ;
  • la globalisation de l’économie et la diminution du rôle des frontières, mais parallèlement de nouvelles frontières administratives et policières, comme celles de la Communauté européenne (espace Schengen) ;
  • l'affaiblissement de l’échelon national au profit de l’Europe avec pour conséquences un repli national, et un rejet des exilés, des proscrits, des sans-papiers ;
  • la transformation des valeurs traditionnelles et des rapports de couple (le mariage, le divorce) ;
  • l’exaltation de l’identité nationale par différents gouvernements,

entraînent des crispations identitaires et religieuses face à ces profondes mutations.

Michelle Zancarini-Fournel, historienne.

Intervention du 5 novembre 2015, à Lyon, mairie du 1er arrondissement

Conférence – débat « La réforme du droit des étrangers : quels droits pour les migrants ?»

Bibliographie indicative :

Richard Ayoun, Les Juifs de France. De l’émancipation à m’intégration (1787-1812), L’Harmattan, 1997.

Laurent Dornel, La France hostile. Socio-histoire de la xénophobie (1870-1914), Hachette, 2004.

Yves Lequin (dir.), La mosaïque France. Histoire des étrangers et de l’immigration, Larousse, 1988, (2ème édition en poche).

Gérard Noiriel, Réfugiés et sans papiers. La République face au droit d’asile (XIXe-XXe siècle),Hachette, Pluriel, 1998.

Alexis Spire, Étrangers à la carte. L’administration de l’immigration de 1945 à 1975, Grasset, 2005.

Vincent Viet, Histoire des Français venus d’ailleurs de 1859 à nos jours, Perrin, Tempus, 2004.

Patrick Weil, La France et ses étrangers. Politique de l’immigration de 1938 à nos jours, Gallimard, Folio, 1991.

20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 09:42

Tibérius Claudius
4 place Chazette 69001 Lyon  tiberius.claudius.over-blog.com
Agir en justice pour défendre le droit des étrangers
LETTRE N°29    Janvier 2015

L’année 2014 a été marquée par la réforme du droit d’asile en France, présenté en décembre à l’Assemblée nationale. Tiberius a participé à un groupe de travail pluridisciplinaire pour le dépôt de deux amendements visant à mieux respecter et protéger les personnes dites « vulnérables ». (Voir Projet asile)

Le projet de loi sera présenté au Sénat au printemps 2015. Intervenons auprès de nos sénateurs car il reste un amendement à faire adopter.

NOUVELLES AFFAIRES

Affaire n°176– Dominique, gabonaise

Dominique, née en janvier 1993 à Libreville, Gabon, est arrivée en France en avril 2005 à l’âge de 12 ans avec ses sœurs Josée et Sonia. Elles rejoignent leur tante, née au Gabon et de nationalité française par mariage avec un français, M. PF. Celle ci a fait établir de faux actes de naissance et passeports gabonais pour les enfants, l’un indiquant à tort que Dominique est née en mai 1996 de son union avec Mr PF.

Leur tante faisant acte de maltraitance à l’égard des plus jeunes, Dominique et Josée se rendent à Lyon en juillet 2013 au Service d’aide sociale à l’enfance qui place les trois sœurs en famille d’accueil par ordonnance du procureur, mesure qui sera renouvelée par le juge pour enfants. Pour Dominique, ce placement s’est poursuivi dans le cadre d’un contrat Jeune majeur.

Devenue majeure en mai 2014 au regard de son état civil actuel, Dominique, assistée du conseil général du Rhône, a engagé des démarches en vue d’obtenir un vrai passeport gabonais, sur la base d’un acte de naissance établissant sa réelle filiation avec ses parents génétiques.

En octobre 2014, Dominique tente à deux reprises et sans succès de faire enregistrer une demande de titre de séjour à la préfecture du Rhône, sans explication. En décembre, son avocate, Me Catherine Robin présente une demande de carte de séjour temporaire à la préfecture du Rhône.

Compte tenu de l’enquête en cours diligentée par la police de l’air et des frontières, Dominique craint d’être renvoyée au Gabon du fait de la complexité de son état civil.

Tiberius Claudius a donc mandaté Me Catherine Robin pour que cette jeune fille obtienne sa carte de séjour.

En France depuis bientôt dix ans, Dominique, après une scolarisation sérieuse et assidue, prépare actuellement un baccalauréat Sciences et technologies de la santé et du social. Il est primordial qu’elle obtienne sa régularisation car elle n’est pas responsable de sa situation juridique actuelle. Dominique a construit sa vie en France et ses attaches scolaires, privées et familiales - particulièrement avec ses sœurs- sont désormais sur notre sol.

A ce jour, la demande de titre de séjour de Dominique a été enregistrée.

Affaire N°175 Alim, mineur camerounais expulsé.

Encore mineur il quitte son village camerounais emmené par son grand frère pour tenter de gagner l’Europe. Ils traversent le désert, de ghetto ethnique en ghetto ethnique ils atteignent l’Espagne. Son frère décède alors de maladie. Parti en France il est pris en charge par le conseil général du Rhône.

Vie au foyer, mise à niveau en Français, apprentissage en plomberie, se passent au mieux. Mise à part un incident, anecdotique au regard de l’exil et des difficultés à venir. La Licra, alertée par le foyer doit intervenir pour que la ligue de football lui délivre une licence, celle-ci appliquant avec un zèle douteux les conseils de la ligue européenne pour lutter contre le trafic de jeunes footballeurs africains. La ligue exigeait une autorisation parentale, négligeant l’autorisation donnée par le représentant du conseil général, tuteur d’Alim.

La police de l’air et des frontières ne peut le contraindre à une radiographie osseuse pour déterminer son âge. Ces tests sont jugés aujourd’hui aléatoires et non fiables par l’ensemble des autorités médicales. La préfecture estimant que l’acte de naissance produit par Alim serait un faux le conseil général saisit l’aubaine pour faire condamner Alim à lui verser la somme de 100 000 euros, pour amende et remboursement de sa prise en charge, et le tribunal à 4 mois de prison ferme pour faux.

Mis sous écrou à l’audience, il est expulsé au terme de sa peine. Le courageux consul du Cameroun à Marseille s’était défilé, prétendant ne pas pouvoir authentifier l’acte de naissance. Par contre, au Cameroun, les autorités ont confirmé la validité de la pièce d’état civil. De ce fait, sa condamnation tomberait et son retour en France, tant souhaité, possible ; et le retour sur investissement du Conseil général réalisé !

Me MN Fréry a été mandatée pour la défense d’Alim.

Affaire n°174 : Mme S.B et son fils A.H - défendus par Me Céline Proust

Quelles preuves une femme et ses enfants en danger de mort doivent-ils fournir pour être protégés par la France ?

Mme S.B., Kosovare, épouse en 1995 M. H., ingénieur dans le bâtiment, avec lequel elle vit à Pristina et aura trois enfants. Le couple divorce en mars 2010 et Mme B. obtient la garde des enfants, ce que son ex-époux n’accepte pas. Il se sent humilié par cette décision qui porte atteinte à son honneur, car la loi du Kanun (XVème siècle) dit qu’en cas de séparation des parents, les enfants –a fortiori les fils- doivent rester avec leur père, et dans le cas contraire prône la vengeance.

Sur ordre du Tribunal communal, le couple divorcé doit vivre dans le même appartement qui a été divisé en deux, Mme S.B et ses enfants dans l’une et M. H. dans l’autre. Pendant 7 mois s’en suivent des violences répétées sur Mme et ses enfants et plusieurs plaintes de Mme S.B. sont laissées sans suite. Un soir de grande violence où M. H. a blessé le plus petit à la tête avec un couteau, Mme S.B. alerte la police qui lui conseille de s’enfuir avec les enfants et de se cacher car ils ne pourront pas être protégés, ce qu’elle fait. Ils sont hébergés pendant 4 mois loin de Pristina chez des cousins, cachés dans un petit local agricole. Mr H. -qui est riche et a des relations- les ayant retrouvés, Mme S.B fuit le Kosovo et cherche refuge en France en février 2011 avec ses trois enfants âgés de 16, 12 et 10 ans.

Mme S.B. sollicite l’asile en mars 2011, demande rejetée en octobre 2012 par l’OFPRA qui reconnaît les violences subies par Mme S. B avant son divorce mais doute qu’elles aient repris après ce dernier ni que Mme S.B. ne pouvait être protégée dans son pays. Celle-ci avait pourtant produit un Cdrom (en albanais et qui n’a pas été traduit) où son cas était présenté dans une réunion publique présidée par le ministre de l’Intérieur.

Novembre 2012 : Mme S. B forme un recours devant la CNDA qui sera rejetée en février 2014

Avril 3013 : le département de médecine légale de Lyon constate la névrose post traumatique de Mme ainsi que les cicatrices des 3 enfants et leur anxiété quant à l’éventualité d’un retour au Kosovo.

Décembre 2013 : Son ex-mari ayant exercé des violences sur le père de Mme S. B pour le forcer à dire où elle se trouve, celle-ci demande en avril 2014 un réexamen de son dossier d’asile. Elle est convoquée par l’Agence Régionale de Santé qui estime que son état nécessite une prise en charge médicale qui peut lui être apportée dans son pays d’origine. Rejet de sa demande de réexamen par l’OFPRA en juin 2014, sans l’avoir convoquée. Dossier en cours devant la CNDA.

Mme S.B dépose en mars 2014 une demande de séjour en qualité d’étranger malade qui lui est refusée et s’en suit en juillet 2014 une OQTF délivrée par le Préfet de l’Ain.

Parallèlement, l’aîné des enfants, Arian, devenu majeur, demande l’asile en avril 2014, refusé par l’OFPRA en juillet 2014. Le recours à la CNDA est en attente. Le préfet de l’Ain rejette en août sa demande d’un titre de séjour aux motifs de sa non-insertion professionnelle en France (alors qu’Arian est scolarisé en 2ème année de Bac professionnel) et que le Kosovo « fait partie depuis décembre 2013 de la liste des pays d’origine sûrs », et lui notifie une Obligation de Quitter le Territoire Français. Me Céline Proust saisit le Tribunal administratif de Lyon qui jugera l’affaire en audience publique le 10 mars 2015.

En septembre 2014, tout se précipite

4 septembre : le préfet de l’Ain, dans l’attente de son départ en exécution de l’OQTF, assigne Mme S.B. à résidence à Montluel avec obligation de pointage 3 fois par semaine avec ses deux plus jeunes enfants, ce qui signifierait arrêter la scolarisation du plus jeune au collège de Bourg en Bresse et de l’aîné au lycée professionnel d’Ambérieu.

Saisi en urgence par Me Céline Proust, le Défenseur des droits demande au préfet de l’Ain de suspendre l’exécution de l’OQTF concernant Mme S.B et ses deux plus jeunes enfants, estimant que leur renvoi au Kosovo qui entraîne leur séparation d’avec Arian et l’interruption brutale de la scolarité des plus jeunes enfants n’est pas conforme à l’intérêt supérieur de la fratrie. Le Défenseur des droits n’a pas obtenu de réponse.

Des articles paraissent dans le Progrès de l’Ain et La Voix de l’Ain, soutenus par le comité de soutien composé de parents et d’enseignants des enfants dont l’intégration et la scolarité sont jugées très positives. En effet, les enfants ont toujours été scolarisés dès leur entrée en France et sont actuellement, l’aîné en 2ème année d’un Bac professionnel à Ambérieu, le deuxième fils en seconde au même lycée professionnel, et le dernier en 3ème au collège à Bourg-en-Bresse. Le Tribunal administratif déclare que, tout en reconnaissant « leurs bons résultats scolaires et leur apprentissage satisfaisant du français, (..) rien ne s’oppose à ce qu’ils accompagnent leur mère dans leur pays d’origine pour y poursuivre leur scolarité ».

Me Céline Proust ayant fait appel pour faire annuler le Jugement du Tribunal administratif et les décisions du préfet de l’Ain, la Cour administrative d’appel de Lyon vient d’inscrire l’affaire de Mme S.B à l’audience publique du 5 février 2015.

Affaire N°179 « Le projet Asile 2014 »

(Voir le 4 pages encarté)

Affaire N° 180 « Les marchands de sommeil »

Un « meublé » dans le 7ème arrondissement de Lyon

A partir de la rencontre de deux familles en situation de mal-logement à la Maison de l'Habitat, trois salariés de l’Alpil ont visité, dans le cadre de la MOUS Meublés (dispositif public territorial de lutte contre l’habitat indigne piloté par le Grand Lyon, dont l’un des objectifs est d’accompagner les occupants dans leur projet d’habitat et de porter un regard technique sur les logements meublés), un site qui s'est vite avérée relever d’une situation d'urgence.

En effet, le gérant de locaux industriels dans le 7e arrondissement a transformé un étage situé au-dessus des ateliers en 23 appartements d’environ 20m² loués de 550 à 700€ par mois et 6 chambres meublées louées 250€ par mois. Ces logements, occupés par environ 60 personnes dont 10 enfants, présentaient d’importants désordres : un système de chauffage et des ventilations inexistantes, une absence de fenêtres, des surfaces non réglementaires, …

Par ailleurs des enquêtes publiques ont été entreprises, notamment par le service urbanisme de la ville de Lyon qui a dressé un procès-verbal pour défaut de déclaration de travaux et de changement d'usage. D’autres enquêtes, pénales et fiscales, sont encore en cours aujourd’hui.

L'Alpil poursuit son action pour suivre l'avancement des différentes procédures et s'assurer que tous les occupants soient effectivement relogés (actuellement deux ménages sont toujours en attente d’accès à une solution de relogement pérenne).

Affaire n°173 - Monsieur K. défendu par Me Céline Proust

Rappel : Mr K. d’origine tchétchène est né en 1979 en Russie. Après des études supérieures de droit, il obtient un diplôme de juriste. Embauché par une association d’aide juridique basée à Grosny, en Russie il effectue des recherches sur une jeune fille qui a disparu, sa famille craignant un enlèvement par un réseau de prostitution. Mr K. subit alors des menaces puis est emprisonné.

Après plusieurs mois de détention et de tortures, il réussit à s’échapper et à fuir la Russie.

Arrivé en France en août 2011, Mr K. dépose une demande d’asile politique qui lui est refusée bien que l’OFPRA et la CNDA n’aient pas contesté son appartenance à une association de défense des droits de l’homme en Fédération de Russie. L’aide juridictionnelle lui ayant été refusée, la poursuite devant le Conseil d’Etat est devenue impossible.

Son épouse et ses enfants entrent en France en novembre 2012. Son épouse dépose une demande d’asile et un récépissé lui est délivré.

En mars 2013 le père de Mme K. décède d’une crise cardiaque lors de l’intervention de la police à son domicile. Le cousin de Mr K. disparait en novembre 2013, ainsi que le frère de Mme K. en janvier 2014.

Compte tenu de ces nouveaux faits dramatiques, en juillet 2014, Me Céline Proust dépose devant le Préfet du Rhône trois demandes : l’admission exceptionnelle au séjour pour Mr K., la délivrance d’un titre de séjour portant la mention « vie privée et familiale » ainsi que la réouverture de son dossier d’asile.

A ce jour : la demande d’asile de Mme K. n’a pas obtenu de réponse ; le préfet du Rhône n’a pas répondu aux 3 demandes formulées par Mr K. Les deux époux bénéficient toujours d’un simple récépissé.

AFFAIRES en cours

Affaire N°131 – M. E : alors que nous pensions ce dossier définitivement clos, la préfecture a refusé de renouveler le 3° titre de séjour de M. E au motif qu’il ne résiderait pas en France, contre toute évidence, alors qu’il habite la maison dont il est propriétaire en haute Savoie ! Et il est toujours père d’une petite fille française, pour laquelle il assure les responsabilités que le juge aux affaires familiales lui a confiées.

AFFAIRES CLOSES

Affaire N° 170 : M. Z., demandeur d'asile algérien

Actif dans la lutte anti-terroriste, de 1994 à 2008, Monsieur est médaillé d’honneur de la lutte antiterroriste. Depuis la période de « réconciliation », il est menacé. Mais la CNDA estimant qu’il n’apporte pas la preuve que les autorités ne lui apporteraient pas protection a confirmé le rejet de l’OFPRA.

Tiberius avait mandaté Me C. Robin, espérant une modification de la jurisprudence à l’égard des policiers algériens menacés par les mouvements terroristes. Me Catherine Robin a déposé une demande de titre de séjour pour raison de santé pour M et Mme.

Le titre leur a été accordé en décembre 2014

Affaire n° 143 Miloud Forat (voir lettre 28) : Affaire perdue en appel.

Affaire N° 178 « anonyme » Me Marie-Noëlle Fréry : Un ressortissant d'un Etat d'Asie centrale victime d'actes de violence de la part de proches du pouvoir central s'est vu reconnaître par la CNDA le statut de réfugié. Affaire gagnée avec l’aide de Tiberius.

Tiberius Claudius - dans lettre

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