Le jeune C. guinéens a une enfance chaotique, faite de violences intra-familiales, de petits boulots pour survivre et d’absence de scolarité. A l’age de 13 ans, il perd sa mère renversée par une voiture. Son père s’étant remarié, la belle-mère n’accepte d’accueillir chez elle ni C. ni son frère aîné. La grand-mère les laisse dormir chez elle à même le sol. Puis ils survivent de petits commerces et dorment alors à la gare routière où ils sont mis en rapports avec des passeurs.
Ils partent vers le Mali en 2019. Puis ils se rendent en Algérie où ils travaillent dans les travaux publics. Après une descente de police, ils s’enfuient et gagnent la Libye où ils sont mis en prison. Ils subissent des violences extrêmes, sont délestés du peu d’argent qu’ils possèdent et sont contraints d’assister à des violences subies par d’autres. Ils s’enfuient à nouveau, traqués par des policiers qui les rançonnent. Ils prennent place à bord d’un Zodiac surchargé et accostent en Sicile d’où ils se rendent en France. C. est encore mineur lorsqu’ils y parviennent, mais sa prise en charge tarde au point qu’il atteint sa majorité.
Demande d’asile
Il sollicite le bénéfice de l’asile ou à défaut, de la protection subsidiaire. Mais il est hospitalisé souffrant dès ce moment d’importants troubles psychiatriques consécutifs aux violences vécues ; ce qui n’arrange pas l’entretien qu’il obtient avec un officier de l’OFPRA où il apparaît confus, ayant des difficultés à ordonner la chronologie des événements qu’il a vécus. Sa demande est rejetée.
Monsieur C. parvient au collectif AMIE qui accompagne les mineurs isolés étrangers pour que leurs droits soient reconnus. Il est confié à Me Catherine Robin pour un recours auprès de la CNDA, Tiberius Claudius assurant le financement de la défense.
Recours à la CNDA
A l’audience du 13 décembre 2022, Me Robin soutient qu’il est indispensable dans un tel cas de se référer au protocole d’Istanbul qui définit les standards internationaux pour procéder aux examens médicaux permettant de se prononcer sur la réalité des tortures alléguées, tortures qui expliqueraient la confusion de C. lors de l’entretien à l’OFPRA, d’autant que ces pratiques de violences sont avérées par le rapport de l’ONU du 12 avril 2017 qui confirme que « des migrants africains sont vendus sur des marchés d’esclaves en Libye, sont retenus captifs durant plusieurs semaines voire des mois dans des conditions atroces et subissent des tortures, les brisant totalement » ; l’enquêteur devrait avoir une formation spécifique pour éviter à tout le moins une reviviscence du trauma.
De plus le rapport de l’OFPRA de mai 2018 concernant la Guinée confirme la maltraitance des enfants dans la famille à l’école et au travail. La bastonnade y est couramment employée à des fins éducatives. C’est justement ce que redoute le jeune C. qui pourrait subir en cas de retour au sein de sa famille, de nouveaux mauvais traitements et pourrait être exclu du cercle familial.
Au délibéré du 3janvier 2023 le statut de protection subsidiaire est accordé à Monsieur C."